■ Louis le Baraqué, Croix de fer, Paris : La Compagnie littéraire, 2016

Adieu* Mistinguettes et autres Damoiseaux !


- Aujourd’hui sur le blog, je tenais à vous faire partager ma chronique sur l'ouvrage Croix de fer de Louis le Baraqué, paru aux éditions La Compagnie Littéraire -

« L’épopée d’un mec qui a pété les plombs, pour tous mes proches, pour ceux qui veulent le devenir, ou l’art d’être BARAQUE »


Le thème est lancé, mais est-ce vraiment  une « épopée » au sens stricte du terme, soit un vaste récit en prose qui exalte les exploits d’un héros historique ou légendaire[1] ? Ne s’agit-il pas plutôt de la narration du parcours embûché d’un homme à première vue prétentieux ? Il semblerait que oui. Et tel le héros mythique de l’épopée, notre protagoniste a lui aussi un exploit à atteindre : tenir la croix de fer, cette figure emblématique de la discipline antique, la gymnastique.
Récit de pensées désordonnées
Le cadre de l’histoire, relativement simple, s’articule autour du passé, des succès et des excès en tout genre de Louis le Baraqué ; un fil rouge satirique qui s’exprime à travers une vie tourmentée. Dès les premières pages, on voit naître chez le sportif une volonté de fer quant à la réalisation de cette fameuse figure de gymnastique, voir une véritable obsession qui ne semble plus, dès lors, le quitter. On se sent presque instantanément dérouté par l’atypisme de l’écriture et du rythme des mots, souvent décousu et dont ces derniers ne composent nécessairement des phrases ; ou en tout cas des phrases sémantiquement viables. L’auteur a cependant la délicatesse de nous prévenir de ses faits (ou méfaits) stylistiques à la page 11 : « Ce livre : pensées en vrac, ou vrac de mes pensées ». Des noms de lieux défilent, des noms de personnes aussi comme des actions de son quotidien, prenant la forme d’un listing ponctualisé où s’enchaînent situation initiale et péripéties : l’oralité mise par écrit.
Une vie aux antipodes de la banalité
Paris des années yéyés : non sans nous déplaire, l’auteur dépeint en quelques pages, la jeunesse de son père, entre fièvre du monde artistique et soirées guindées au Cyrano, non loin du Moulin-Rouge. Louis, l’enfant baraqué, jouit d’une enfance heureuse et bohème, faite de partage, d’histoires rocambolesques, de rencontres artistiques puis improbables, de jeux et de premiers émois. Il nous raconte ses souvenirs, de manière spontanée, comme s’il se les remémorait au fur et à mesure, lors d’une discussion intime. Chaque souvenir est en fait une anecdote, souvent cocasse dont on se délecte. Puis, au détour d’une page, l’auteur évoque sa passion dévorante qui lui cause bien des tourments, dont de multiples blessures physiques et psychiques ; s’imposant une discipline à l’image de la figure qu’il souhaite maîtriser à la perfection. Il s’essaie aux sports de combat dont il admire la technique, mais retournera rapidement à son premier amour, la gymnastique, pour ne la quitter que vieillissant.
Un aventure humaine plus qu’une épopée
C’est une véritable aventure symptomatique et thématique qui nous est racontée ici, une histoire gorgée d’ombres et de lumières ; authentique. Épisodiquement, c’est lorsque l’on arrive aux délires, que l’on comprend la fonction qu’est écriture ; celle qui exorcise plus qu’elle ne crée. Après des moments psychotiques intenses, l’auteur dresse,  sur fond de nostalgie, de multiples portraits et fait des listes, successives. Puis sonne le glas de l’éternelle recherche de liberté du Baraqué, au moment même où sonne celui de la fin du récit…« Si vous avez le pouvoir de me libérer, de me venger…» (Louis le Baraqué 2013 : 144).

[1] « Epopée » In Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), [En ligne], 2012, URL : http://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9pop%C3%A9e.
Louis le Baraqué, Croix de fer, Paris : La Compagnie Littéraire, 2016, 130p. 
Page Facebook de la Compagnie Littéraire : https://www.facebook.com/compagnielitteraire/
Page dédiée à la collection d’heroic fantasy que nous lançons en mai : https://www.facebook.com/aventuresarcanespassemonde/


la compagnie littéraire

Tout plein de love à vous, Mistinguettes et autres Damoiseaux !


* = Pour les petits frenchies, l’allocution “Adieu” en Suisse romande est synonyme de “Bonjour”, dixit feu mon arrière grand-maman, Simone.  

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